PAPE PASCAL II À SON VÉNÉRABLE FILS GÉRARD
Nous, Pascal, évêque, serviteur des serviteurs de Dieu, à notre vénérable fils Gérard, fondateur et recteur de l’Hôpital de Jérusalem, et à ses légitimes successeurs à perpétuité.
Le désir d’une pieuse volonté doit être accompli par l’effet de ce qui suit. Votre Révérence a demandé que l’Hôpital, qu’elle a fondé à Jérusalem auprès de l’église du bienheureux Jean-Baptiste, soit placé sous l’autorité du siège apostolique et le patronage du bienheureux apôtre Pierre. C’est pourquoi, nous réjouissant du bon zèle hospitalier que vous manifestez, nous accueillons votre requête avec une paternelle bienveillance et ordonnons, par l’autorité du présent décret, que la maison de Dieu qu’est cet Hôpital demeure toujours sous la garde du siège apostolique et la protection du bienheureux apôtre Pierre.
Nous prescrivons donc que soient toujours préservées la paix et l’intégrité de tous les biens qui pourront être acquis à cet Hôpital, par l’effet de votre sollicitude, pour subvenir aux besoins des pèlerins et des pauvres, dans les paroisses tant de l’Église de Jérusalem que des autres Églises, et sur le territoire de leurs cités, ou qui pourront être offerts par tout fidèle, aujourd’hui comme à l’avenir, selon la libéralité divine, ou acquis par tous autres justes moyens, ou qui pourront encore vous être concédés, comme à vos successeurs et frères ayant soin des pèlerins, par nos vénérables frères évêques de Jérusalem.
Nous ordonnons que les dîmes des fruits que vous aurez recueillis, où que ce soit, à vos frais et par vos travaux, seront en la jouissance et possession de votre Hôpital, nonobstant les prétentions des évêques ou fonctionnaires épiscopaux.
Nous décrétons en outre valides les donations consenties par des princes religieux sur leurs revenus ou les impôts qu’ils prélèvent. À votre mort, vous qui êtes l’actuel supérieur et responsable de ce lieu, que nul ne soit élevé à votre succession par quelque ruse ou violence que ce soit, sinon celui que les frères profès auront choisi d’élire selon Dieu.
Nous confirmons par ailleurs à perpétuité toutes les dignités et possessions que ledit Hôpital possède déjà ou pourra acquérir plus tard, par la grâce de Dieu, au delà ou en deçà des mers, à savoir en Asie ou en Europe, à votre bénéfice comme à celui de vos successeurs animés du même zèle hospitalier, et par vous, en faveur du même Hôpital.
Nous décrétons au surplus qu’il n’est permis à personne de troubler sans raison ledit Hôpital, de lui ravir ses possessions ou de les retenir, ou de les réduite, ou de le tourmenter par de vaines vexations. Mais que tous ces biens soient préservés dans leur intégrité pour servir à l’usage multiple de ceux pour la subsistance et la direction desquels ils ont été concédés.
Nous prescrivons donc que les hôpitaux et hospices d’occident, sis près du Bourg de Saint-Gilles, d’Asti, de Pise, de Bari, d’Otrante, de Tarente et de Messine, qui s’honorent de la titulature de Jérusalem, demeurent à perpétuité, comme aujourd’hui, sous votre autorité et administration ou celles de vos successeurs. Si donc à l’avenir un ecclésiastique ou un séculier ose contrevenir sciemment à cet écrit de notre constitution, et qu’averti une seconde et une troisième fois, il ne fait pas réparation par une satisfaction convenable, qu’il soit privé de la dignité de son pouvoir et de ses titres, et sache qu’il est passible du jugement divin; qu’il soit de même interdit du très Saint Corps et Sang de notre Dieu et Seigneur Jésus-Christ, notre rédempteur, et subisse la rigoureuse vengeance du jugement dernier. Mais que la paix de notre Seigneur Jésus-Christ soit avec tous ceux qui observent ce qui est juste en ce lieu, afin de percevoir ici-bas le fruit de leurs bonnes actions, et de trouver la récompense de la paix éternelle auprès du juge sévère. Amen. Amen. Amen.
Moi, Pascal, évêque de l’Église catholique, j’ai souscrit.
Moi Richard, évêque d’Albano, j’ai souscrit.
Moi Landulfe, archevêque de Bénévent, j’ai lu et souscrit.
Moi Conon, évêque de l’Église de Palestrina, j’ai lu et souscrit.
Moi Anastase, cardinal-prêtre du titre du bienheureux Clément, j’ai souscrit.
Moi Grégoire, évêque de Terracina, j’ai lu et souscrit.
Moi Grégoire, cardinal-prêtre du titre de Saint-Chrysogone, j’ai lu et souscrit.
Moi Jean, évêque de Mileto, j’ai lu et souscrit.
Moi Romuald, cardinal-diacre de l’Église romaine, j’ai souscrit.
Donné à Bénévent, par la main de Jean, cardinal-diacre de la sainte Église romaine et bibliothécaire, le Xve des calendes de mars, indiction VI, l’an de l’incarnation du Seigneur 1113, la quatorzième année du pontificat du seigneur pape Pascal.